Blanche ODIN : la « fée des roses et des fleurs »

Elevée chez les bonnes sœurs, la petite Blanche Odin a longtemps hésité entre prendre le voile ou prendre le pinceau… Ouf ! Tant mieux pour nous, elle a choisi le pinceau ! Elle naît à Troyes le 25 Février 1865 et elle meurt le 3 Août 1957 à Bagnères de Bigorre. Bien que ravissante, elle restera célibataire toute sa vie pour se consacrer uniquement à sa passion : la peinture.

LES FONDATIONS DE SON TALENT

On raconte que dans sa jeune enfance, elle découvre lors d’une promenade en forêt, les restes de palette d’un peintre. Elle emporte le trésor chez elle, se confectionne un pinceau de fortune et peint sur un morceau de vaisselle cassée sa première œuvre… Chers parents, ne jetez plus vos débris d’assiettes, un génie artistique sommeille peut être en vos enfants !

A neuf ans, on la place en pension chez les Ursulines. Avec une grande humilité, elle fait son apprentissage artistique. Elle a un sens aigu de l’observation et c’est avec patience et humilité, qu’elle recopie tout ce qu’elle voit dans des carnets de croquis : planches botaniques, images pieuses, estampes. Mais elle aime aussi croquer sur le vif ce qu’elle observe avec une précision d’un réalisme étonnant. Elle est capable de peindre sur des supports variés : papier, carton, céramique, ivoire…

A partir de 1882, elle se rend à Paris pour suivre des cours de dessin et de peinture dans des ateliers libres et des académies car l’Ecole des Beaux-Arts est uniquement réservée aux hommes. Elle n’emprunte pas la voie de la facilité, mais sous ses airs de grande timide, elle a une volonté tenace, beaucoup d’énergie et elle est surtout habitée par sa passion de peindre, sans jamais faillir ou faiblir. Elle peindra jusqu’à son dernier jour.

A partir des années 1890, elle enseigne l’aquarelle et participe à différents Salons où elle connaît le succès et collectionne de nombreux prix. L’Etat lui achète bon nombre d’œuvres qui ornent les murs de l’Elysée, de l’Ambassade de France, entre autres.

En 1934 elle s’installe au 6, rue Gambetta à Bagnères de Bigorre où affluent de nombreux estivants. En été, elle en profite pour effectuer chez elle des expositions personnelles et les amateurs se pressent dans son atelier.

COULEURS ECLATANTES DANS L’HUMIDE

Depuis longtemps, elle lit tout ce qui concerne la technique de l’aquarelle pour mieux comprendre son évolution. Elle sait que tout est important : l’eau, le papier, les pigments, les pinceaux.

Au début elle mouille très peu ses pinceaux. Ensuite elle s’enhardit à diluer ses pigments avec beaucoup d’eau. Pour rendre ses couleurs plus lumineuses, elle mouille abondamment son papier qu’elle choisit très épais pour qu’il ne gondole pas et ne se déchire pas. Il pèse 600 grammes au mètre carré. Un vrai carton ! De plus, le grain torchon du papier crée une impression poudreuse.

Elle apprivoise l’eau comme nul autre pour travailler dans le mouillé. Ensuite elle soutient ces effets vaporeux par un apport à sec. Elle travaille les clairs-obscurs, donne des effets peu pratiqués à l’époque par les aquarellistes.

Elle utilise toutes les ressources de l’aquarelle comme s’il s’agissait de peinture à l’huile (qu’elle a également pratiqué) Elle a le talent de pouvoir travailler aussi bien sur des formats minuscules que sur de grandes surfaces.

SES SUJETS DE PREDILECTION : LES FLEURS

Le poète Paul Cardeilhac la surnomme « La fée des roses et des fleurs ».

Elle pousse la représentation réaliste jusqu’à son extrême limite pour transmettre l’âme de la fleur. Des milliers de fleurs et de bouquets ont pris vie sous ses pinceaux. Elle passe de longues heures à faire des études de vase pour obtenir la perfection.

Bien qu’elle soit connue pour ses magnifiques bouquets de fleurs, elle a également peint en extérieur beaucoup de paysages ou de scènes champêtres. Les animaux ont aussi une grande part dans son œuvre. Elle les croque dans leur élément parcourant la campagne pour trouver ses sujets.

UN ART DIFFICILE SELON … MOLIERE !

L’aquarelle est chargée d’une longue et riche histoire. Longtemps considérée comme un ouvrage de dame, elle n’est plus aujourd’hui méprisée. Elle a beaucoup évolué grâce à des artistes comme Blanche Odin qui l’a affranchi des teintes fades qui lui faisait une terne réputation.

Et pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer ses alexandrins de Molière :

L’aquarelle est pressante et veut sans complaisance

Qu’un peintre s’accommode à son impatience,

La traite à sa manière et d’un travail soudain,

Saisisse le moment qu’elle donne à sa main.

La sévère rigueur de cet instant qui passe

Aux erreurs d’un pinceau, ne fait aucune grâce.

Avec elle, il n’est point de retour à tenter

Et tout au premier coup se doit exécuter.

MIEUX CONNAITRE BLANCHE ODIN

1/ – Avec les livres de Monique Pujo-Monfran aux Editions Equinoxe :

– Passion Aquarelles

– Lumière d’aquarelles

– Blanche Odin : sa technique

2/ – Avec le DVD de 90 minutes de Bénedicte Magnin Roggero

3/ – Et le meilleur endroit pour admirer tous ses chefs-d’œuvre : le Musée Salies à Bagnères de Bigorre. Blanche Odin lui a légué 48 aquarelles

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