Geneviève Canto expose à la galerie Ravaisou à Bandol

 

 

 

 

 

 

Il est bientôt 17 heures et il règne sur la ville de Bandol un air de fête. Les estivants baguenaudent le long du port, la brise d’été souffle sur les pins et les joueurs de pétanques discutent, mètre à la main, du gagnant de la partie qu’ils viennent de jouer.

Je me dirige vers la galerie Ravaisou située à quelques mètres du port de ce charmant village.

La galerie est immense et accueille des séries de toiles de Geneviève CANTO. Une artiste qui, loin des sentiers battus, expose jusqu’au 2 septembre et nous fait partager un univers aussi poétique que symbolique. Nous y reviendrons plus tard mais pour le moment, laissons l’Artiste nous confier son regard et ses expériences de peintre.

Geneviève, vous vous êtes révélée à l’âge de 11 ans. Vous vivez une expérience de peintre exceptionnelle, qui a débutée par cette  rencontre incroyable avec Savaldor Dali en passant par un chemin presque tracé : Beaux-arts de Perpignan, IPEDEC, l’enseignement d’excellence de peinture décorative de Paris où vous avez appris notamment la technique du trompe l’œil chère à votre cœur.

 Ma rencontre avec Dali a été un moment tout à fait exceptionnel et très enrichissant. Après avoir gagné le premier prix des beaux-arts de Perpignan, j’ai pu profiter d’un stage dans son atelier. Il m’a guidée et expliqué ce subtil mélange entre l’instinct et la technique avec ce regard particulier qui le caractérisait. J’étais évidemment totalement émerveillée par son travail de créatif. En me dépassant sans cesse, j’ai compris que le travail d’Artiste se révélait grâce aux clés que sont l’assiduité, l’observation et puis le talent et le génie dont DALI était dotés. C’était fascinant. Parfois il me grondait car il souhaitait que je me dépasse et puise en moi une force créatrice. Et puis quelques minutes après il posait sur mes yeux un regard tendre et bienveillant. Ce stage a confirmé que devenir peintre était ce que je souhaitais plus que tout. Et qu’il faut vivre ses rêves.

Quels sont les thèmes que vous aimez explorer ?

 L’objet a toujours forcé ma curiosité. C’est ce rapport à l’objet et sa durabilité sur l’être humain. Le symbolisme existe, l’objet a pris dans notre société une place prépondérante. Tout est vecteur : les ordinateurs, et les objets bientôt greffés sur nos corps. Mes personnages, ces hommes et ces femmes existent sur mes tableaux mais plus le temps passe plus ils sont petits.

Disparaitront-ils un jour ?

 Lilliputiens mais pas effacés totalement. Leur place, leur rapport à l’objet, c’est une question de prisme. Les personnages ne disparaissent pas de mes tableaux.

Vous avez fait escale à San Vicens, lieu unique qui inspira entre autre Derain, Matisse ou Picasso. Que vous a apporté cet endroit si apprécié par les Artistes?

 Une énergie incroyable. Je n’étais qu’une enfant et mon rêve était de découvrir ce fabuleux créateur de tapisserie Jean Lurçat. Il a participé à de nombreux projets avec des artistes comme Picasso, Dufy,  Marcoussis. Il règne dans ce lieu une force immense qui m’a profondément marquée.

Vous êtes donc un peindre de l’instinct ?

 Je suis avant tout un peintre de l’âme et de l’humain. L’instinct est un facteur clé de ma peinture. Mes tableaux parlent de nos âmes. J’aime peindre les drapés. Ce sont peut-être aussi les voiles qui enveloppent nos âmes. Il y a toujours une communication entre le langage du corps et celui de l’esprit. On trouve dans mes tableaux des clés qui permettent de passer de l’un à l’autre, en détournant aussi les objets de leur rôle premier et en comprenant le symbolisme et la part auquel chaque détail peut être attaché.

Comment composez-vous vos tableaux ? Quel est votre processus créatif ?

 Je réalise des dessins, puis je les aquarelle. J’ai besoin de préparer mes thèmes et de les décliner notamment sur un grand format. Puis je réalise mon tableau final. Le glacis et le trompe-l’œil sont des techniques que j’affectionne particulièrement.

« Ma vie entière a été déterminée par deux idées antagoniques : le sommet et le fond ». Que vous inspire cette réflexion de Salvador Dali ?

 Elle touche à la part de nous la plus intime et personnelle. Il est indéniable que les deux sont mêlées, comme le sont le blanc et le noir, l’ombre et la lumière. C’est le symbole de la dualité dans la complémentarité. Nous apprenons sur nous uniquement en acceptant de vivre les deux aspects. C’est comme une vague qui fonce sur nous : il ne faut pas aller contre mais la prendre et en tirer les conséquences, le savoir, et l’expérience.

Je repars de ce moment avec les mots de Geneviève dans ma tête et mon cœur. De ces moments précieux où on comprend le pouvoir des connexions humaines. Les peintres sont là pour nous rappeler que chacun de nous est connecté à l’univers. Les toiles de Geneviève enchantent les visiteurs que j’observe discrètement, du fond de la galerie. On sent une générosité de l’âme, une lumineuse peinture, une volonté de partage. En partant Geneviève me confie que les peintres sont des porteurs de message. « La Peinture appartient à tous, nous la transmettons, nous sommes là pour témoigner de ce que nous sentons, de ce que nous voyons ».

Geneviève CANTO, Galerie RAVAISOU, rue des Ecoles à proximité du Centre Culturel – Jusqu’au 2 septembre 2014

Elle propose aussi des cours de peinture sur Bandol, vous pouvez la joindre au 06 61 13 83 14

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