A mots doux je peux le dire, sans contrefaçon, j’ai toute ma raison !

Peux-t-on copier tout ce qu’on veut ?

Récemment une affaire a défrayé la chronique aux États-Unis. Je vois votre œil égrillard s’allumer… Je veux vous parler du copiste Mark Landis. Signes distinctifs de l’homme d’une cinquantaine d’années : il est pâle, maigre avec des oreilles en forme de feuilles de chou et il s’habille en pasteur !

Depuis près de trente ans, il gruge les musées américains en leur faisant don de tableaux qui sont des … faux !!! Ce sont de brillantes copies de chefs d’œuvre célèbres qu’il réalise. Tous les conservateurs se sont laissés prendre jusqu’à ce jour. Car tout a une fin.

C’est grâce à la perspicacité d’une conservatrice de musée que Mark Landis vient d’être démasqué. En recevant son don d’un petit tableau impressionniste de Charles Courtney Curran, cette conservatrice s’est d’abord montrée euphorique. Mais aux premières analyses du tableau, elle a commencé à déchanter. Son doute l’a poussée à soumettre l’oeuvre aux rayons X qui ont révélé des traces de produits modernes… Assurément, c’était un faux.

Règles générales

Il n’est pas interdit de copier des tableaux bien sur, mais il faut le faire sous certaines conditions qui font l’objet de règles bien établies et il ne faut surtout pas les vendre pour des œuvres originales car alors là, ce ne sont plus des copies, ce sont des faux ! Vous saisissez la nuance…

La copie existe depuis la nuit des temps. Elle est pratiquée pour apprendre la technique de nos aînés. Certaines sociétés, certains peintres sont d’ailleurs spécialisés dans la reproduction de tableaux anciens ou contemporains. Ces œuvres peuvent être vendues à condition qu’elles conservent leur dénomination de « copies » et qu’elles répondent à certains critères définis par le législateur.

Conditions pour copier dans un musée

Dans tous les musées, on voit des peintres, assis devant leur chevalet, réalisant des copies de tableaux célèbres. Ce sont des copistes professionnels, des amateurs ou des élèves. Cette activité est soumise à une réglementation stricte.

1/ – Il faut demander une autorisation de copier au Musée. Attention ! Il faut s’armer de patience pour obtenir ce droit. Vous pouvez passer par l’intermédiaire de votre professeur (cela ira plus vite) ou faire la demande vous-même en l’argumentant.

Certaines œuvres sont très demandées, donc le délai d’attente est très long.

Quand l’autorisation vous est accordée, vous avez une durée déterminée pour exécuter votre copie. En règle générale, c’est trois mois.

Vous devez vous conformer aux jours et aux horaires de travail que l’on vous indiquera.

2/ – La copie doit obligatoirement être d’une taille supérieure ou inférieure à l’original. Vous soumettez de toute façon la toile vierge au conservateur du Musée qui y appose un tampon pour accord. Ensuite la toile ne sort pas du musée jusqu’à ce que l’œuvre soit terminée. Elle repasse ensuite au contrôle et reçoit à nouveau un tampon.

3/ – La signature du Maître n’est pas copiable. On s’en serait douté !

Plus de précisions ? Vous pouvez vous renseigner auprès de :

L’Association des Copistes des Musées de France (ACMF)

16 Grande Rue 78790 Arnouville Les Mantes

http://copistes.free.fr/

La copie est un art difficile, laborieux et … risqué !

En matière de copie et de vente, on ne peut pas faire n’importe quoi…

Si l’œuvre appartient au domaine protégé, la loi interdit de reproduire et de vendre des œuvres protégées, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants-droits (les héritiers sont souvent plus féroces que les auteurs eux-mêmes !)

Si vous avez le moindre doute, adressez-vous à :

La société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP)

11 rue Berryer – 75008 Paris

tel 01.43.59.09.79

http://www.adagp.fr

Elle vous renseignera efficacement.

Si l’œuvre relève du domaine public, c’est à dire de peintres morts depuis plus de 70 ans, vous pouvez réaliser des copies et les vendre sous réserve d’appliquer les règles suivantes :

– Différence de format par rapport à l’original

– Mention « copie » au dos de l’oeuvre

– Attention ! Ne pas signer la copie du nom du Maître sous peine d’être considéré comme un faussaire.

Contrefaçon

Là aussi, prudence !

Le style d’un peintre contemporain vous plaît ? Vous avez vu ses œuvres sur Internet par exemple ou sur un magazine et vous voulez vous en inspirer ? Nenni, mes amis ! « Pourquoi me direz-vous, je ne fais rien de mal ! ».

Eh bien si ! Vous faites du tort à l’artiste. Il faut des années d’apprentissage, des années de pratique au peintre pour se forger un style. C’est toute cette valeur qu’on lui vole en l’imitant et cela aussi est puni par la loi.

En règle générale, les artistes se protègent en déposant un « copyright » qui signifie « tous droits réservés »

Peindre ou dessiner d’après une photo

Une photo vous inspire ? Hop ! Vous attrapez vos pinceaux et vous vous lancez avec fébrilité dans sa réalisation picturale. Vous changez un ou deux détails, et voilà, le tour est joué. A moins d’en avoir demandé l’autorisation au photographe, vous n’avez pas le droit de le faire.

Bien souvent les peintres ignorent que là aussi, il y a des règles à respecter sous peine d’être condamné à payer des dommages et intérêts à l’auteur. La peinture d’après une photo « empruntée » comporte des obligations liées aux droits d’auteurs.

Vous devez donc faire une demande écrite au photographe avant de vous lancer dans votre peinture ou votre dessin.

Des exceptions existent cependant

Il y a quelques exceptions frappées au coin du bon sens.

Vous pouvez copier et divulguer vos œuvres à un cercle privé, amical ou familial à condition que cela soit strictement gratuit.

Vous pouvez aussi copier pour des raisons personnelles, pour mieux comprendre l’œuvre d’un peintre par exemple ou dans le cadre d’études artistiques.

Il est également autorisé de copier pour parodier ou caricaturer. Certains même s’en sont fait une spécialité comme le peintre célèbre Martial Raysse.

Laisser un commentaire