Aurélie Rhumeur : entre poésie et délicatesse

Royan étale ses plages et son air de fête en ce milieu d’après-midi estival. Je suis arrivée devant le Casino et je rencontre dans quelques minutes Aurélie Rhumeur, artiste peintre dont je suis le parcours depuis plusieurs années. Ses peintures évoquent la féérie, la grâce et la délicatesse. A mi-chemin entre le manga et le monde des rêves, qu’il est bon de se perdre dans la magie de son univers, si particulier et envoûtant. Son personnage Lilou nous invite au voyage et à la contemplation.
Rencontre d’une artiste qui peint la féminité et exprime en couleurs,  poésie et délicatesse un monde qui enchante et ravit tous ceux qui le contemplent.

Aurélie, vous avez été créatrice de bijoux avant de vous consacrer à l’art pictural. Comment êtes-vous passée de la joaillerie à la peinture ?
A dire vrai, je crois que c’est le dessin qui m’a amenée vers la joaillerie.
Depuis ma plus tendre enfance, je réclamais des albums à colorier et je passais mon temps à la maternelle à jouer avec les crayons de couleurs et les cahiers de dessin ! Quand ma mère me demandait « qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ? » je répondais « des petits crayons ». La peinture a toujours été ma passion.
Adolescente, j’ai trouvé dans le grenier une boîte de peinture à l’huile qui appartenait à ma mère. J’étais fascinée et j’ai peins en autodidacte. Je me suis documentée et j’ai travaillé toute seule ma technique.
A la fin de ma troisième, je souhaitais exercer un métier artistique en rapport avec la peinture. Ma famille ne m’a pas encouragée à suivre ce chemin. « La peinture n’est pas un métier, choisis un autre travail». Cette phrase m’a amenée à m’interroger et à trouver une autre voie. J’ai alors posé ma candidature dans une école de joaillerie. C’est en ce sens que la peinture m’a amenée à exercer ce métier là car pour entrer dans cette école, il fallait réussir le concours de dessin. Etre manuelle et précise en dessin, c’était l’être aussi pour ce métier qui exige créativité, patience et habilité.
J’ai réussi le concours d’entrée. Armée d’un CAP de joaillerie et d’un brevet des métiers d’Art, j’ai travaillé comme joaillière et j’ai été créatrice de bijoux. J’ai réalisé mon rêve : exercer un métier artistique. Jusqu’en 2007 où je suis revenue à ma passion originelle : la peinture.

Vous avez beaucoup voyagé depuis votre plus jeune âge Avez-vous puisé dans vos expériences des sources d’inspiration ?
Oui les voyages ouvrent l’esprit. J’ai vécu 6 ans en Guyane. Cette expérience m’a permis grandir en harmonie avec la nature. Loin des diktats de la mode, des usages de nos sociétés qui imposent pour être « populaires » que les enfants portent des vêtements de marque. Mon enfance en Guyane a été pour moi une source de bonheur et de recherche d’authentique. J’y ai appris la culture des différences. Mon école  recevait des indiens en apprentissage et des enfants de tous milieux. Nous n’émettions pas de jugement et ne nous intéressions pas aux marques. On débarquait en tongs dans la simplicité la plus totale. Ce mode de vie m’a influencée plus tard.
J’éprouvais aussi depuis mon enfance un attrait particulier pour l’Asie sans y avoir jamais été pourtant. Je suis mariée avec un asiatique. Ma fille est eurasienne. Je baigne dans cette culture asiatique et bouddhiste que je pratique de façon naturelle et je me sens profondément en harmonie avec ce mode de vie.
J’ai séjourné à l’âge adulte en Asie et je me suis sentie là-bas comme chez moi. Cette sensation incroyable d’y avoir déjà vécu.

Quel pays d’Asie évoquez-vous ?
Le Cambodge particulièrement.

Pouvez-vous nous parler de votre personnage Lilou ? A-t-elle été influencée aussi par votre attrait pour l’Asie ?
De façon naturelle ma peinture est imprégnée de cette culture asiatique. Notamment ma série « Lilou » qui évolue dans un style manga-européanisé.
« Lilou, c’est mon surnom.  C’est une partie de moi. C’est mon univers»
Je l’ai créé de façon naturelle et spontanée. Lorsque je peins une série Lilou, j’aime finaliser mes créations par l’ajout de cristal de Swarovski. Parce que j’aime ce qui brille, parce que la femme est sublimée lorsqu’elle se pare de bijoux, de perles ou de fleurs. Et puis tout simplement parce que mon travail de joaillière se ressent  dans ma peinture. Ces incorporations sur les toiles participent à mettre en valeur la féminité.

Vous venez de terminer les illustrations du livre jeunesse « 15 histoires courtes de Princesses et de fées ». Comment s’est déroulé ce projet ?
Je suis attirée par l’univers de l’illustration jeunesse depuis longtemps.
Je suis maman et j’achète des livres que je lis à ma fille de deux ans et demi. Certaines de mes amies sont illustratrices et travaillent sur des livres jeunesse. Je connais bien le monde de l’édition que j’ai approché via la carterie et les toiles tendues.
Ce projet me tenait donc à cœur et cet univers m’a permis de poursuivre la peinture en étendant mon domaine d’activités.
Ce livre, je le distribuerai à certaines maisons d’Editions. Je souhaite figurer sur leur liste d’appel d’offres et avancer sur de nouveaux projets dans le même secteur.

Cette collaboration nouvelle a été menée en partenariat avec votre père.
Oui, mon père a déjà édité un livre autobiographique. C’est un projet en tandem. Il a écrit l’ensemble des textes de ce livre.

Votre peinture se rapproche de la poésie. Souhaiteriez-vous écrire un jour ?
Ce n’est pas impossible.  (sourire)

Comment composez-vous vos tableaux ? Quel est votre processus créatif ?
En général si je me pose et je réfléchis rien ne sort ! (rire).
Pour l’inspiration, je puise des idées en regardant un film, en pensant à un sujet, à un décor. Parfois je puise l’inspiration dans mes rêves.

Vous travaillez dans n’importe quel endroit ?
Oui, j’amène toujours avec moi un petit cahier. Parfois il reste sagement dans mon sac et puis soudain les idées jaillissent et je ne m’arrête plus de dessiner.

Quelles sont vos techniques de prédilections ?
Je peins à l’huile.
Lorsque je participe à des salons en qualité de démonstratrice, la peinture à l’huile ne convient pas*. Pour peindre en démonstrations, je compose une base à l’acrylique et je finis à l’huile. En dehors de ces moments particuliers, l’ensemble de ma peinture est réalisé à l’huile.
J’ai toujours plusieurs toiles en séchage dans mon atelier.  J’alterne mes périodes de travail entre les tableaux : une base, ensuite une autre couche. En général, il me faut au minimum quatre couches de peintures avant de finir une toile.

Quels sont vos projets ?  
J’aimerais me tourner vers l’illustration de livres jeunesse pour agrandir mon champ d’activités et ne pas m’enfermer sur un seul domaine. J’adore relever les défis et je m’adapte à tous les projets créatifs.

Vous êtes cotée Drouot ?
Oui. Mais j’ai décidé de ne plus exposer en galerie d’Art. Pour le moment je souhaite maintenir des prix de vente accessibles au client final.

Où peut-on voir vos toiles ?
Pour le moment, sur rendez-vous. J’ai déjà vendu des œuvres directement sur internet.
Je travaille beaucoup sur commande en m’adaptant aux demandes : format, style, thème, personnalisation totale.

*NDLR : La peinture à l’huile met plusieurs jours voire plusieurs mois à sécher

Pour contacter Aurélie Rhumeur : Contact

Laisser un commentaire