La technique du Sfumato

Lors d’un article précédent je vous ai exposé la technique mise au point par Léonard de Vinci pour représenter la profondeur et l’éloignement dans un paysage. Cette technique appelée « perspective atmosphérique » joue sur les couleurs et la touche. En réalisant un léger flou sur les sujets lointains, ceux-ci paraissent, grâce donc à leur forme imprécise, plus éloignés.

Cette technique fonctionne aussi pour les natures mortes. Ce sont les éléments en arrière plan qui seront peints avec moins de précision, en accentuant ce flou donc. Ainsi on met en valeur le premier plan, et on inscrit de la profondeur dans notre sujet par ce jeu de « floutage ». Oui je sais je viens d’inventer ce mot mais il traduit bien l’idée. Si en français ce mot est un énorme barbarisme il existe en italien un mot qui définit cette technique. C’est le « sfumato ». Et c’est évidement notre maître vénéré Léonard qui en est l’inventeur. On l’a vu, ce flou a le premier intérêt d’inscrire, en l’accentuant plus ou moins, de la profondeur à notre composition.

Sfumato

Il possède un second intérêt. Celui de créer une cohésion, un lien entre tous les éléments d’une composition. Cet effet de sfumato est alors appliqué partout. Nous n’avons ainsi pas de limites distinctes entre les éléments. Ils sont reliés par ce sfumato. Il est alors très subtil en premier plan et plus enlevé en arrière plan. La Joconde est le parfait exemple de cette technique. Léonard a imaginé, puis peint selon cette technique pour apporter à la fois une illusion du réel et cette vibration qui donne vie au tableau. Dans la réalité nous ne percevons pas les choses ainsi. Encore une preuve que la peinture est une interprétation du monde.

Pour réaliser ce sfumato, il suffit après avoir peint tous nos sujets, après avoir interprété le modelé, de réaliser un léger fondu entre les éléments, pour casser et adoucir leurs contours. Pour ce faire, on frotte avec une petite brosse pour que les couleurs s’interpénètrent. Vous observerez que paradoxalement, cette technique offre beaucoup plus de réalisme, si elle est réalisée tout en finesse, qu’un tableau hyper précis aux contours nets.

J’en reviens à la Joconde. On peut ne pas aimer ce tableau, mais il est le parfait témoignage des progrès et avancés technique apportés par cet artiste. Je vous invite maintenant à l’admirer sous un autre œil.

Laisser un commentaire