Laissez-vous porter par l’Art rupestre

Jean-Michel BASQUIAT, Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou

Chez Label Art on aime la peinture sous toutes ses formes, et aujourd’hui on a décidé de s’intéresser aux racines mêmes du dessin : l’Art rupestre. On a tous en mémoire les magnifiques fresques des grottes de Lascaux comme unique référence à la peinture rupestre. J’avais envie d’avoir un nouveau regard sur ces œuvres primitives, impressionnantes de forces et de beauté, tout simplement car au fil de connaissances et d’expériences acquises, nos jugements, nos appréciations et surtout nos sensibilités évoluent.

De quoi traitait l’Art rupestre ?

J’ai ouvert plusieurs livres, consulté des images sur le net, pour me nourrir de ces multiples exemples de peintures. Des grottes de Lascaux, aux peintures aborigènes, en passant l’Asie, l’Afrique et aussi l’Amérique, l’écriture reste similaire. Des formes simples, un dessin rudimentaire avec des trais appuyés et forts, une mise en couleur très réduite, sur des surfaces brutes comme la pierre, le bois et le cuir, les prémices de pochoir, définissent le langage iconographique de l’art primitif.  Pour les sujets traités, on retrouve des images d’animaux, des scènes de chasse, des scènes de vie, de rituels sociétaux, religieux, et parfois des scènes érotiques (à croire que le sexe reste une source de préoccupation inhérent à l’espèce humaine depuis ses origines ! lol), et des signes symboliques d’idées.

Les techniques n’étaient pas compliquées, se résumant à utiliser des outils très basiques comme la main, des bâtons de charbon, des poudres colorantes naturelles comme des ocres et du sang. Spontanéité, force, simplification, écriture plus symboliste que réaliste, voir naïve, ainsi pourrait on définir la peinture rupestre. Et bien en « redécouvrant l’art de nos ancêtres », et parce que quelques temps plus tôt j’avais contemplé un tableau de Basquiat, j’ai fait une corrélation qui apparaît quasi évidente entre l’art rupestre et l’art brut. J’ai comparé des œuvres de ce peintre, puis d’autres tel que Dubuffet (l’initiateur de l’art brut comme courant artistique), ainsi que beaucoup d’autres non connus. L’écriture, le style, et l’essence même de ces icônes sont similaires.

Un pont vers l’Art spontané et libre

L’art brut, que l’on retrouve aussi dans la rue, sur nos murs, sous forme de graffitis, de pochoir, relève de cette même envie de représenter le monde avec des outils simples et sans techniques issue d’un enseignement académique, scolaire ou autre. L’expression est directe, vive, violente parfois, spontanée, sans prétentions culturelles, ni intellectuelles, n’obéissant pas au canon esthétique mais avec néanmoins une recherche d’une certaine beauté.

La seule volonté est de peindre pour donner une représentation de la vie. L’œuvre devient alors, dans un langage et un style brutes, un témoignage du présent, de ce qui fait le quotidien de l’homme, ses us et coutumes.

J’adore ce style. Armée de mes techniques, mes habitudes,  mon expérience, mes références, ma culture, peindre de cette manière est très difficile pourtant. Il faut soit n’avoir connu aucun apprentissage ou en faire une totale abstraction. Oublier son savoir, s’en libérer pour s’exprimer comme le faisaient nos ancêtres de Cro-Magnon.

Peindre en s’imprégnant de l’Art rupestre

C’est possible. Voici quelques clés pour y parvenir :

Le support en premier lieu devra être une surface brute évidement. Du bois, du carton, et si c’est un châssis entoilé, travailler sa matière avec des gels de structure dont j’ai déjà parlé à l’occasion d’autres articles ou utiliser une toile en lin brut apprêtée avec un gesso transparent (type Natura). Ensuite, on y va alla prima avec des outils qui réduisent précision et détail. On dessine à la pierre noire, au fusain, au pastel, des feutres, on colore avant, par dessus, avec les doigts, des grosses brosses avec rapidité, avec des jus d’acryliques, des aplats précis, des projections de peinture, des coulures sans trop se soucier de produire un rendu figuratif, réaliste. Les enfants y arrivent très bien, jusqu’à un certain âge où ils évoluent vers une recherche picturale différente de ce qu’ils produisent quand leur esprit et leurs connaissances ne sont pas envahis de repères éduqués, organisés et structurés.

C’est ça aussi la peinture rupestre. Un art exempt de connaissances et techniques élaborées.

Comme quoi, même sans bagages techniques la peinture est possible pour tous. C’est une affaire d’expression et un terrain de liberté.

Pour aller plus loin :

« Le » Gombrich : Histoire de l’Art

Des peintures rupestres jusqu’à aujourd’hui, l’auteur vous éblouira par ses connaissances et son savoir. L’un des ouvrages sur l’Art le plus documentés et précis de ces cinquante dernières années.

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