Le fabuleux destin de Séraphine

Séraphine

Aujourd’hui, je vais vous raconter le fabuleux destin de Séraphine de Senlis, qui s’appelait en réalité Séraphine Louis et qui est considérée comme l’un des plus grands peintres naïfs du XXème siècle.

Séraphine ? Un sacré tempérament. Une passionnée. Une exaltée. Une folle de peinture qui n’hésitait pas à préparer ses couleurs elle-même comme son célèbre rouge qu’elle élaborait avec du sang de porc et de la cire de cierge.

Un brin prétentieuse, elle signait ses tableaux avant même de les commencer avec un « S » pour Séraphine, suivie de son nom Louis. Elle revendiquait clairement son statut de peintre.

Une femme de ménage visionnaire

Séraphine est née dans un petit village d’Arsy dans l’Oise un 2 Septembre 1864. C’était la fille de gens modestes.

Orpheline à 7 ans, elle apprend le métier de bergère avant d’entrer comme domestique dans un couvent à Senlis au service des Sœurs de la Providence.

Elle s’imprègne pendant plus de 20 ans d’images pieuses, de la lumière des vitraux qui provoque en elle un véritable incendie de couleurs.

Dévorée par l’envie de peindre, cette « impérieuse nécessité intérieure » dont parlait Kandinsky, Séraphine se jette sur ses toiles avec la passion et la pureté d’une autodidacte. Elle ne se pose pas de question. Elle exprime ses « visions », c’est à dire ce qu’elle voit. Elle puise son inspiration artistique dans la vie spirituelle.

Un peu illuminée, habitée par des délires mystiques, elle déclare : « L’ange Saint Michel m’a ordonné de me mettre au dessin et la Vierge Marie m’a demandée d’exécuter quelques toiles ».

Elle projette en peinture les forces psychiques qui envahissent son inconscient. Elle fait ensuite du troc de ses œuvres : quelques planchettes de bois peintes contre de la nourriture ou du matériel de peinture. Peignant la nuit à la lueur des bougies, elle produit une œuvre considérable dans le plus grand isolement. Elle ne connaît rien à la technique hormis la sienne, celle qu’elle s’est forgée.

Quel contraste entre cette petite femme insignifiante au visage ingrat et ses œuvres lumineuses et chatoyantes !

La reconnaissance de son talent

Devenue femme de ménage dans de riches familles bourgeoises de Senlis, son destin va prendre une tournure inattendue quand Wilhem Ulde, l’un de ses employeurs et grand collectionneur allemand d’art naïf découvre ses toiles ! Il est stupéfait par l’intensité, la force d’expression, l’ampleur et la flamboyance de ses tableaux qui représentent essentiellement des motifs végétaux. Ses toiles sont recouvertes de feuilles, de fleurs, de fruits, de plumes qu’elle peint la nuit en chantant des cantiques. Ce sont toutes des œuvres quasi mystiques aux noms évocateurs : L’arbre du Paradis, L’arbre de vie…

Il voit dans ses œuvres le primitivisme moderne c’est à dire la puissance de représenter le monde de l’inconscient libéré de toute contrainte académique ou conventionnelle.

Il achète ses tableaux, organise des expositions et la fait connaître ce qui rapporte à Séraphine une aisance financière.

Le jour où sa vie bascule…

En 1930, un krach boursier dévaste la planète. A cause de la Grande Dépression, Wilhem Ulde cesse d’acheter les tableaux de Séraphine ce qui la perturbe gravement. Peu à peu, elle sombre dans la folie.

Elle sera internée pour psychose chronique le 31 Janvier 1932 et dès lors cessera de peindre.

Elle décèdera dix ans plus tard, le 11 décembre 1942, pauvre, folle et oubliée.

A 78 ans elle rejoint dans la fosse commune le cortège des anonymes, ses compagnons de misère. Elle n’aura trouvé pour exister que la peinture.

Exposition permanente :

Musée Maillol

Musée d’art de Senlis

Musée d’art naïf de Nice

Musée d’art moderne de Lille

Musée de Grenoble

Musée d’art moderne de Paris

Un film lui est consacré

Film de Martin Provost qui retrace les épisodes tragiques de sa vie

César du meilleur film français en 2009. Actuellement en DVD

Livres qui lui sont consacrés :

« Séraphine, de la peinture à la folie » par Alain Vircondelet (Albin Michel)

« La vie rêvée de Séraphine » par Françoise Cloarec (Phébus)

« Séraphine de Senlis » par Jean Pierre Foucher (Ed. du Temps)

Laisser un commentaire