Louis VALTAT : un peintre sans histoire…

Louis Valtat

« Les peintres heureux n’ont pas d’histoire » disait Louis Valtat. C’est peut être pour cela qu’il fait partie des oubliés de l’Histoire de l’Art… Longtemps considéré comme « un petit maître » ou comme « le second violon » de la modernité, il était temps aujourd’hui qu’on rétablisse sa légitimité.

Une importante exposition au Musée de Lodève lui rend hommage en présentant 180 œuvres. Cette manifestation met en évidence le rôle joué par ce peintre dans la naissance du fauvisme. Il est allé de l’avant bien avant les autres (Matisse, Derain, Vlaminck, Van Dongen) et a été affublé de toutes sortes d’épithètes : pré-fauve, proto-fauve ou précurseur des fauves.

L’exposition du Musée de Lodève veut le sortir de son relatif anonymat, le faire connaître au grand public, le réhabiliter, le situer pour lui donner la place qu’il mérite en tant que pionnier du fauvisme…

La cage aux fauves…

Louis Valtat est né à Dieppe en 1869 dans une famille bourgeoise. Son papa est un riche armateur sensible aux arts. Valtat sera un bourgeois heureux, rentier toute sa vie ! Il bénéficiera d’une aisance financière qui le dispensera de la nécessité de vendre sa peinture pour en vivre.

Il fait ses études à Versailles et animé très tôt d’une vocation artistique, il entre aux Beaux-Arts à Paris tout en suivant les cours de l’Académie Julian. Il expose régulièrement à partir de 1889. Il a à peine 20 ans.

Au Salon d’Automne en 1905, il figure parmi les jeunes peintres présents dans la fameuse « cage aux fauves »… Expression dûe au critique Louis Vauxcelles qui se serait exclamé devant un buste d’enfant classique perdu au milieu de toiles audacieuses: « Voici Donatello au pays des fauves ! ».

Les artistes sauvages comme ils s’intitulent eux-même adoptent aussitôt l’expression et se baptisent : les Fauves… Le fauvisme se caractérise par des couleurs pures, des formes simplifiées, des perspectives abolies, des ombres supprimées et l’abandon des modelés.

Louis Valtat retient très tôt (en 1900) l’attention d’un grand marchand d’art : Ambroise Vollard avec qui il signe un contrat. Celui-ci lui achètera une grande partie de sa production. « Patience ! Un jour, on s’apercevra que Valtat est un grand peintre » aurait-il prophétisé.

L’appel du Sud

Ayant contracté la tuberculose, c’est en tant que convalescent que Louis Valtat découvre la lumière intense du Midi en 1895, bien avant que les fauves ne s’y rendent à leur tour.

Natif du Nord il tombe éperdument amoureux du Sud, de ses calanques, des ses pins tourmentés, de ses falaises de porphyre rouge. Les couleurs intenses et lumineuses du Midi vont faire flamber sa palette ! C’est dans sa relation avec cette région solaire que se développe son expression. Cette lumière l’incite à exacerber les contrastes, à saturer les tons. Ses toiles se couvrent de couleurs éclatantes. Ses formes se simplifient.

Il rapporte de ses séjours à Banyuls, Collioure, Agay des paysages éclatants où il laisse libre cours à sa touche en arabesque. Pochades réalisées en plein air ou compositions plus importantes, il peint la côte varoise pendant plus de vingt ans. L’immense majorité de son œuvre est réalisée dans le Midi.

Fou de peinture, il travaille sans répit

Son fils, le docteur Jean Valtat, a édité un catalogue raisonné de ses œuvres peintes (édité par Ides et Calendes). Il a répertorié pas moins de 2908 œuvres originales !

Louis Valtat qui était un artiste fécond et éclectique a été tour à tour :

Créateur de mobilier – Graveur – Illustrateur – Décorateur de Théâtre- Costumier – Céramiste – Sculpteur.

On sait peu de choses de cet homme discret né en 1869 et décédé en 1952, mais quelques témoignages le décrivent comme une personnalité bienveillante et sans histoire. Ses nombreux autoportraits le montrent avec un beau visage paisible orné d’une barbe et d’une moustache. Dans ses bras, il tient tantôt un chat, tantôt un chien. Il est affublé d’une casquette ou d’un canotier. Sa femme Suzanne qu’il a épousée en 1900 a a fait l’objet d’un très beau pastel par Renoir qui était l’un de leurs amis et voisin à Cagnes.

Ses thèmes de prédilection

Scènes d’intérieur, scènes de genre, portraits, paysages, marines, peintre de grand air, Louis Valtat est aussi un peintre de l’intime. Il a souvent peint ses proches. Son fils, Jean, né en 1908 devient son modèle favori ainsi que son épouse Suzanne. Son jardin, comme les fleurs et les fruits qu’il y cultive sont également ses motifs de prédilection.

Dans les années 40, il ne quitte plus guère son domicile parisien, rue Wagram. Il devient pratiquement aveugle à la suite d’un glaucome et il doit cesser de peindre. Ses dernières peintures datent de 1948. Il s’éteint le 2 Janvier 1952.

Exposition temporaire : A ne pas manquer !

Musée de Lodève – Hôtel du Cardinal de Fleury – 34700 Lodève

Du 4 Juin au 16 octobre 2011

Un site lui est consacré

Association des amis de Louis Valtat

http://www.valtat.com/

Un numéro spécial lui est entièrement consacré :

Beaux Arts magazine – Hors Série – disponible en kiosque

GLOSSAIRE

Qu’est-ce qu’un « catalogue raisonné » ?

On appelle « catalogue raisonné » l’inventaire le plus complet possible des œuvres d’un artiste avec les indications de format, de support, la technique utilisée, la date de création, le titre, la localisation (quand elle est connue).

Le terme « raisonné » signifie que l’auteur du catalogue fait l’historique de l’artiste d’une manière … raisonnée, chronologiquement et en suivant son évolution.

Né en France, le terme a gagné le monde entier.

Les catalogues raisonnés sont utilisés par les musées, les historiens d’art, les experts, les galeristes, etc…

Qu’est-ce que le mouvement « Fauvisme » ?

C’est un courant typique du début du XXème siècle qui a fait grand bruit mais qui n’a pas duré très longtemps : il a pris naissance en 1905 lors du Salon où le critique Louis Vauxcelles l’a baptisé ainsi. Il s’est éteint progressivement vers 1910.

Il a été d’une importance capitale car il fut le déclic libérateur qui incita les peintres à se lancer dans des expériences radicalement novatrices. On peut dire qu’il a été une étape charnière.

Ont participé à ce courant « fauve »  : principalement Valtat, Matisse, Gauguin, Derain, Vlaminck, Van Dongen, Rouault…

Le fauvisme se traduit par :

Des aplats de couleurs pures et vives

Une simplification des formes

L’absence de modelés et de clairs-obscurs

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