Cela fait longtemps que je ne vous ai pas relaté les malheurs de mon amie Christelle.
Il lui en arrive souvent mais on finit toujours par en rire car il n’y a jamais rien de grave heureusement.
Comme d’habitude, elle a réalisé un beau tableau, en se donnant beaucoup de temps pour travailler en précision et finesse son sujet. Son ambition était pour cette toile de représenter une nature morte très réaliste. Mais sans comprendre pourquoi le résultat ne la satisfait pas. En m’invitant à la conseiller je lui ai expliqué pourquoi. C’est le comble du paradoxe : son tableau est si précis qu’il manque de réalisme.
Cela semble bizarre non !
Elle s’est évertué à définir les contours de ses éléments, sans déborder, sans mordre et aussi nettement que le ferait une photographie. Et c’est là toute la différence entre une photo et une peinture. Je l’expliquais en évoquant la peinture et technique de Léonard de Vinci dans un autre article. La précision extrême et la netteté sont en peinture à éviter. Elles conduisent à donner à votre œuvre un aspect naïf. Ce n’est donc pas le but quand au contraire on recherche le réalisme. La netteté donne cette impression de collage, d’assemblage sans cohésion, des éléments d’une toile.
Le tableau de Christelle n’est évidement pas raté ! Juste naïf, bien que peint avec beaucoup de finesse et d’élégance.
Il aurait juste fallu qu’elle fonde très légèrement les contours et le résultat eut été tout simplement concluant.
« C’est malin de me dire tout ça maintenant que ma peinture est toute sèche » m’a-t-elle répondu, et une fois de plus nous sommes parties en éclats de rire.