Raoul Dufy … une oeuvre lumineuse

La fée électricité

Raoul DUFY est né le 3 juin 1877 au Havre. Toute sa vie, il peindra le milieu maritime dans une ambiance de fête. Au soir de sa vie, le 7 mars 1953 à Forcalquier, il peint une mer très sombre avec un gros paquebot noir surgissant d’un halo funèbre… symbole de la mort toute proche (« Le cargo noir » collection du musée de Nantes). C’était sa façon à lui de nous dire adieu.

Il peignait avec la jubilation d’un enfant

Dufy était un peintre balnéaire, heureux de nous montrer des vagues bleues en mouvement, des pêcheurs, le monde joyeux des estivants, les baigneuses et leurs tentes de plage rayées. Il aimait l’univers des régates, des fêtes maritimes pavoisées. Il ne se préoccupait pas du premier plan, du second plan, de la profondeur, de la perspective. Non ! Il créait une ambiance, un ressenti. Il débordait du champ visuel.

« Je veux peindre non pas ce que je vois, mais ce qui existe pour moi, ma réalité. »

Une réalité qui semblait bien éloignée de toute préoccupation existentielle, des problèmes sociaux de l’époque, de l’inquiétude, de la souffrance. Dufy n’aimait pas ce qui était laid, triste ou tragique.

« Ma peinture évoque la joie de vivre. Elle ne veut pas cacher le malheur mais le tenir à distance. »

C’était un bel homme avec ses cheveux blonds et bouclés et surtout de beaux yeux bleus qui posaient sur le monde un regard d’enfant ébloui. Plus tard, alors qu’il était âgé, le journaliste Georges Reyer le décrira ainsi : « Joufflu comme un dieu de la joie avec son auréole neigeuse, sa grosse figure empourprée et la lumière d’un extraordinaire bleu turquoise de ses yeux. »

Le déclic…

Il avait suivi de sérieuses et solides études à l’école des beaux-arts du Havre où il avait rapidement progressé en technique et en connaissances. Lors d’une visite au Salon des Indépendants à Paris, il découvrit Matisse et Derain qui suscitaient l’étonnement par la violence et le contraste de leurs couleurs. Cela changeait des subtils jeux de lumière des impressionnistes ! Dufy en fut fasciné et il déclara :

« Je vais faire de la couleur, l’élément créateur de la lumière. »

Son art s’épanouit alors avec des aplats de couleurs éclatantes et des courbes graphiques virevoltantes. Une exposition à la galerie Bernheim le fit connaître et le consacra. Ce fut la célébrité.

Un style personnel en marge des courants picturaux

Dufy recherchait avant tout la simplicité et l’épuration du sujet. Il allait à l’essentiel avec un trait alerte, vif, souple. Les formes restaient suggérées. Ses aplats de couleurs vives et pures débordaient des traits. Toutes les scènes semblaient naïves, mais ce n’était qu’une apparence qui cachait une formidable maîtrise de la composition et des couleurs.

« Manier des couleurs et des lignes n’est-ce pas une vraie diplomatie, car la vraie difficulté, c’est justement d’accorder tout cela. »

Techniquement, comme il voulait donner à la peinture à l’huile, l’apparence légère de l’aquarelle et sa luminosité, il mit au point un médium qu’il fit fabriquer spécialement pour lui.

Un artiste complet

Ayant atteint une évidente maîtrise de l’expression, Dufy fut très demandé. C’était un travailleur acharné qui exécuta de nombreuses commandes :

– Décors pour des demeures privées ou publiques

– Fresque évènementiel comme « La Fée Electricité » une fresque de 600m2 pour l’exposition internationale de Paris

– Bois gravés pour « Le Bestiaire » d’Apollinaire

– Céramiques

– Tapisseries

– Tissus pour le couturier Paul Poiret

– Décors de théâtre pour Cocteau et Anouilh

Une maladie douloureuse

Sa vie longtemps paisible fut rattrapée par la maladie en 1935. Il fut atteint d’une forme de rhumatisme mal connue à l’époque : une polyarthrite chronique évolutive. Cela commença par des douleurs articulaires aux doigts qui gagnèrent progressivement toutes les articulations du corps, provoquant une invalidité croissante.

Il partit se soigner dans le Midi. Il fut traité avec des sels d’or et il suivit des cures thermales à Vernet-les-Bains, entre autre.

En dépit de ses souffrances, on ne l’entendit jamais se plaindre. Il conserva jusqu’au bout sa bonne humeur et sa courtoisie.

Exposition temporaire

Un très bel hommage lui est rendu actuellement ainsi qu’à son frère Jean.

Musée Marmottant à Paris

Du 14 avril au 26 Juin 2011

Exposition permanente

Au musée du Havre qui a reçu la donation de Madame Dufy, rassemblant ainsi une importante collection de l’artiste.

Un site lui est consacré

http://www.raoul-dufy.com

Je tiens à ajouter à cet article le mail de Monsieur Levaillant qui par son travail, a contribué à la mise en valeur du Musée des beaux-arts de Rouen, et joins aussi à ce commentaire le photo de cette œuvre de Dufy dans la cour intérieure du Musée :

Merci pour votre petit mot, je ne m’y attendais pas, aussi pour illustrer mon propos, je vous joins la photo de cette fameuse cour des statues avec au fond le fameux DUFY.

Effectivement , je travaillais à latelier d’Architecture » de la ville de Rouen, mon premier travail en tant que jeune diplômé d’Architecture, et j’ai donc eu en charge de préparer le dossier de restructuration du Musée(1984-1985) :

  • Relevé des modifications du bâtiment,
  • Etablir un avant-projet préalable de ce que l’on pouvait faire
  • Désolidariser la grande bibliothèque municipale qui était imbriquée dans la même batisse
  • Dégager les deux cours intérieures d’où mon idée de créer un plancher au niveau de l’accueil et d’y créer un grand espace sous la grande verrière pour y exposer les grandes oeuvres peintures et sculptures et d’en faire un espace vivant: cafétariat, lieu de détente, de contemplation, d’exercices pour les élèves de l’école des Beaux-Arts, boutiques, ..etc , et maintenant lieu de concert parfois.

Le maire à l’époque était Jean LECANUET. Je devais présenter plusieurs avants-projets avec des variantes (dont un avec la construction des planchers qui était quand même le plus ambitieux et juste avant la présentation mon chef de service ne voulait plus l’exposer. J’étais furieux. Un an de travail … Mais j’ai quand même pu ( je ne sais plus comment) l’aborder malgré la main de mon directeur qui me serrait le bras très fortement, mais vu l’intérêt non dissimulé du Maire j’ai pu aller au bon de ma présentation, et là, d’une façon magistrale Mr. LECANUET, qui avait tout compris, est parti dans un discours phénoménal pour faire du Musée de Rouen l’un des plus beaux de France et le projet a pu voir le jour. Ala fin de la réunion du conseil, il est venu vers moi et m’a simplement dit « Merci ».

Voilà ma petite histoire concernant la restructuration du Musée et la présence du Dufy dans la cour intérieure, peut-être qu’il n’aurait pas pu y être exposé ou alors ailleurs dans un autre Musée.

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