Tamara De Lempicka, une artiste peintre sulfureuse…

 

 Peintre le jour, elle revêt la nuit ses atours de femme fatale… Belle, brillante, audacieuse, elle a fait de sa vie un théâtre. Elle est l’égérie des grands couturiers qui la parent comme une reine. Les modistes les plus renommés lui confectionnent des chapeaux extravagants et les photographes se disputent le privilège de la prendre en photo dans des poses langoureuse, habillée et coiffée comme une diva mystérieuse et fascinante.

Émancipée financièrement, libérée sexuellement (bien qu’elle aimait les femmes, elle s’est mariée deux fois !) elle est la figure emblématique du Paris des années folles.

1898, un 16 mai, naît la petite Tamara Gorska, fille d’un juif russe et d’une mère polonaise. C’est une fillette impétueuse et dominatrice. Son enfance se passe dans un milieu cultivé et aisé entre St Pétersbourg et les grandes villes européennes. Elle s’intéresse très jeune à la peinture et éprouve lors d’un voyage en Italie avec sa grand-mère, une véritable fascination pour les peintres de la Renaissance italienne.

1910, sa mère commande à un peintre célèbre le portrait de sa fille. Tamara endure comme un supplice ces séances de pose. Au final elle est tellement déçue par le résultat qu’elle déclare à ses parents qu’elle peut mieux faire. Elle demande à sa sœur Adrienne de poser pour elle. Le portrait est tellement réussi qu’elle déclare : « je serai artiste peintre… ».

1914, elle s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de St Pétersbourg.

1916, elle épouse un jeune et séduisant avocat polonais, le Comte Tadeuz Lempicki. La révolution d’octobre les oblige à fuir, d’abord à Copenhague, ensuite à Paris. Son mari est anéanti d’avoir perdu sa situation. Maria décide alors de subvenir aux besoins du ménage en se lançant dans la peinture.

Elle suit une formation à l’Académie de la Grande Chaumière où elle a des professeurs illustres : André Lhotte et Maurice Denis.

Elle exécute les portraits de ses proches, d’abord ceux de sa fille Kizette puis ceux de ses amies. La galerie Colette Weill vend ses premiers tableaux.

1925 marque l’envol de sa carrière ! Elle participe à Paris à l’exposition Art Déco et tient à Milan sa première exposition personnelle à la Galeria Bottega di Poesia. Le succès est immédiat et immense.

Il faut dire qu’elle a su se forger un style éblouissant de formes et de couleurs. Elle traduit à travers son choix de couleurs vives et de compositions spectaculaires, son goût pour la liberté des mœurs. Ses personnages sont une synthèse de l’art maniériste moderne et du post cubisme. Pour la composition et le décor, elle emprunte les magistrales recettes des peintres de la Renaissance italienne.

L’esthétique est au cœur de ses œuvres avec toutes ces beautés au regard sensuel et mystérieux, à la bouche rouge et pulpeuse, aux poses provocatrices à son image.

« Une lumière à la manière d’Ingres, du cubisme à la Fernand Léger, avec du rouge à lèvres Chanel » dira un critique d’art de l’époque.

Adam et Eve Tamara de Lempicka

1928, elle se sépare de son mari qui a de plus en plus de mal à supporter son mode de vie et surtout son caractère narcissique, excentrique et scandaleux. Elle emménage alors dans un spacieux atelier, rue Méchain qu’elle fait décorer par sa sœur Adrienne. L’atelier est très grand, pour lui permettre de réaliser de très grandes toiles comme son fameux « Adam et Eve ». Elle raconte qu’ayant vu son modèle nue croquer une pomme, elle lui dit : « Tu es Eve, ne bouge pas, je vais te trouver un Adam ». Elle descend dans la rue et trouve un gendarme qu’elle persuade de venir poser pour elle. C’est ainsi que naît l’un de ses plus fameux tableaux !

Elle devient la portraitiste attitrée de la jet-set de l’époque : Princes en exil, Princesses, riches industriels, artistes, écrivains (André Gide) chanteurs (Suzy Solidor).

1934, elle épouse l’un de ses riches collectionneurs : le baron Raoul Kuffner

1939, fuyant la « Grande Dépression » le couple s’installe aux Etats-Unis. Là-bas elle applique le marketing qui lui a si bien réussi en France mais elle fait un « flop ». La diva perd son aura. Une page de sa vie se tourne. C’est une rupture totale avec sa vie d’avant et elle adopte même un nouveau style artistique avec des portraits de Vierge, des natures mortes, des paysages de campagne. Cette voie beaucoup plus grave et mystique l’éloignera définitivement du succès.

1980, elle meurt à Cuemavaca au Mexique où selon ses vœux, sa fille Kizette répand ses cendres du haut d’un hélicoptère au dessus du volcan Popocatepelt. Digne lieu de repos pour une femme si ardente qui brûlait de conquérir le monde.

Laisser un commentaire